Constant Colmay
( Ile aux Chiens, 14 octobre 1903 – Toulon, 25 novembre 1965)
Le Matricule 11064 FN40
Source : Musée de l'Ordre de la Libération
https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/constant-colmay
Constant Victor Alphonse Marie Colmay est né à l'île aux Chiens, le 14 octobre 1903. Il est le cadet de cinq enfants. Son père, Jean-Marie Jules Colmay, était originaire de Pleurtuit en Ille et Vilaine, où il avait vu le jour le 30 octobre 1862. Le 26 janvier 1892, il épouse, à l'île aux Chiens, Hélène Joséphine Gautier, fille de Jean-François Gautier, natif de Saint-Pierre, et de Hélène Hartley, une Terre-Neuvienne.
A gauche, la maison de Jean Colmay (1914-1915)
Collection du Dr Thomas
Constant a tout juste trois ans quand sa mère décède, le 16 décembre 1906, à l'âge de 31 ans. Son père, marin, ne se remariera pas et décédera à 54 ans, le 29 juillet 1917.
Constant, adopté par son oncle et parrain, Constant Pierre, quitte l'archipel très jeune pour grandir dans la ville natale de son père, qui compte alors un peu moins de 4000 habitants.
Jean Colmay, avec barbiche et moustache, au fond à droite, avec ses quatre enfants : Jean Eugène, l'aîné, au fond au milieu, Auguste, à gauche, dont le fils Roger perdra la vie dans le torpillage de la corvette Mimosa le 9 juin 1942, Anita, à droite, et Constant, le cadet, à côté de sa tante, Victorine Caroline Gillorin et devant son oncle et parrain Constant Pierre Colmay.
Prêt Claudette Disnard-Colmay
Il effectue son service militaire dans la Marine. Incorporé le 25 mars 1922 par devancement d'appel, il suit d'abord la formation marine au Portzic. Puis il intègre l'Ecole de radios de Toulon, où il décroche, le 1er janvier 1923, le brevet élémentaire de radio. Il embarque ensuite quatre mois sur Le Bouclier, avec lequel il reviendra pour la première fois à Saint-Pierre.
Le contre-torpilleur Bouclier
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Classe_Bouclier
De retour à Toulon, il suit le cours de chef de poste radio et est promu quartier-maître radio. Il est affecté alors au Centre administratif de la Marine à Bizerte en Tunisie et ce, jusqu'à la fin de son service militaire, le 23 mars 1925. [1] Il est alors maître radio volant à Karouba.
Constant Colmay en 1923
Prêt Claudette Disnard-Colmay
Libéré des obligations militaires, il va continuer à naviguer. En 1926, il obtient le brevet d'officier radio de la Marine marchande. De 1927 à 1929, il est à bord du chalutier Atlantique de Fécamp dans les eaux de Terre-Neuve et du Groënland. De 1929 à 1939, il effectue, comme officier radio et électricien, des campagnes de pêche au large de la Norvège sur plusieurs navires de Boulogne-sur-mer (S.S. Louise, Suzanne, Tartarin, Tarascon). Entre-temps, il effectue deux périodes de réserve volontaires comme radio volant au Centre d'aviation maritime de Cherbourg.
Constant Colmay dans sa tenue de radio volant
A la déclaration de guerre, en septembre 1939, Constant Colmay est affecté, comme officier marinier radio, sur le Tarana, un chalutier armé en guerre, dont les mitrailleuses et le canon étaient dissimulés sous des filets de pêche. Le navire va effectuer des missions de reconnaissance depuis Boulogne, son port d'attache. C'est sur ce bâtiment qu'il quitte Cherbourg à l'arrivée des Allemands pour rejoindre Porstmouth.
Quand le général de Gaulle lance son appel à résister à l'Occupation, Constant Colmay est déjà à Londres, où il rejoint, le 1er juillet, les F.N.F.L.
Dès le 3 juillet 1940, il intègre le 1er Bataillon de Fusiliers Marins, qu'il rejoint en Palestine. C'est dans cette unité, qui deviendra, en juin 1943, le 1er Régiment de Fusiliers Marins, que Constant Colmay combattra durant toute la Seconde Guerre mondiale, et qu'il ne quittera qu'en mai 1947.
Après avoir participé à la bataille de Dakar (23-25 septembre 1940), il combat sur de nombreux théâtres d'opérations: Palestine, Lybie, Tunisie, Italie, France et Allemagne.
En décembre 1941, il quitte la Palestine pour la Lybie, où il participe à la bataille de Bir-Hakeim, en juin 1942, à la tête d'une batterie de DCA. Cette bataille est considérée comme la première contribution militaire significative des Forces françaises libres. Puis ce sera El Alamein (23 octobre – 3 novembre 1942), victoire alliée décisive. Après Tobrouk et Tripoli, il passe en Tunisie à la poursuite de l'ennemi. La brigade française, devenue division, va contraindre à la reddition, après de durs combats à Takrouna, la 90e division allemande et la division blindée italienne, celles-là mêmes qui l'encerclait à Bir-Hakeim.
C'est de là que les Alliés engagent la campagne d'Italie en juin 1943 par l'occupation de l'île de Pantelleria, située entre la Tunisie et la Sicile. Promu officier en second du 2e escadron du Régiment, Constant Colmay devient de fait l'adjoint du lieutenant de vaisseau Alain Savary. Il va notamment s'illustrer lors de la prise de Pontecorvo, située sur la ligne Hitler. Cette conquête, qui faisait suite à l'évacuation du Mont Cassin, ouvrait la route de Rome. [2]
Suivra ensuite le débarquement en Provence – l'opération Dragoon - sur les plages de la baie de Cavalaire en août 1944. Il participe aux combats particulièrement acharnés du secteur de Roquebrune et de Toulon, qui sera libérée le 26 août. Il sera d'ailleurs blessé au Cap Brun.
Le débarquement sur les côtes françaises en août 1944
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9barquement_de_Provence
Bien que blessé, Constant Colmay n'en perd pas le sourire pour autant
De gauche à droite :
médecin principal Gourvès, O.E.Constant Colmay, E.V. J. Bauche, L.V. Alain Savary [3]
A la tête du 2ème Escadron depuis le 20 octobre 1944, il participe aux combats des Vosges et de la plaine d'Alsace. Son unité conquiert notamment le pont de Markolsheim au profit de la 2e D.B., qui pourra ainsi foncer sur Colmar.
Le 1er Régiment de Fusiliers Marins termine la guerre sur le front des Alpes. Constant Colmay prend le commandement de l'Escadron de tradition du 1er R.F.M. le 1er octobre 1945. Son unité va d'abord faire partie des troupes d'occupation dans le secteur de Constance. Elle se rend ensuite à Marseille, où elle embarque sur le paquebot Eridan à destination de Saïgon pour y assurer la protection du Haut Commissaire en Indochine. Ce navire, qui avait servi pendant la guerre comme transport de troupes sous commandement anglais mais avec un équipage français, venait d'être rendu, quelques mois plus tôt, à la France. Il va participer, en mars 1946, à la reprise du Tonkin. A peine arrivé, Constant Colmay reprend les combats et sa bravoure lui vaudra une nouvelle citation à l'ordre de l'Armée de mer.
L'Eridan sortant du port de Marseille [4]
Il va rester en Indochine jusqu'en mai 1947. C'est là qu'il épouse, le 13 juin 1946, Fernande Taponard, née à Lyon en juin 1920. Ils auront deux enfants : une fille, née en 1948, et un garçon, en 1950. [5]
Constant Colmay est de retour à Toulon en mai 1947. A l'automne, il traverse la Méditerranée pour rejoindre l'Ecole des Fusiliers marins de Sirocco, près d'Alger. Il y restera jusqu'en mai 1954 en qualité d'instructeur parachutiste et d'infanterie. En 1948, il est breveté parachutiste et commando.
En mai 1954, il embarque sur le paquebot Pasteur pour retrouver Saïgon pour un séjour de deux ans. D'abord commandant de la Compagnie de garde de la ville, il assure ensuite la défense du port.
Il revient en Métropole sur le paquebot Henri Poincaré, où il commande la Compagnie de garde. Admis à la retraite le 1er novembre 1961, il quitte le service actif un an plus tard.
Entre-temps, il sera le suppléant de Claude Guy, candidat aux législatives du 10 mai 1959 pour la circonscription de Saint-Pierre et Miquelon. Ces élections verront la victoire de Dominique-Antoine Laurelli, qui succède ainsi à Alain Savary, qui l'avait défait lors des deux précédentes élections. Claude Guy, officier aviateur qui rallia la France Libre, fut, de 1944 à 1949, l'aide de camp du général de Gaulle. [6]
Devenu conservateur du Musée du Mont Faron, Constant Colmay va contribuer à rassembler les souvenirs du débarquement de Provence. A l'occasion du vingtième anniversaire de ce dernier, le général de Gaulle inaugure, le 15 août 1965, le Mémorial du Débarquement de Provence, installé dans la Tour Beaumont sur les hauteurs nord de Toulon.
Le général de Gaulle passe en revue les troupes à la base d'aviation navale
d'Hyères-Le Palyvestre en 1964 en compagnie de l'officier en chef des équipages Constant Colmay
et du ministre des Armées Pierre Messmer [7]
Constant Colmay s'est éteint à l'hôpital maritime Sainte-Anne de Toulon le 25 novembre 1965, à 62 ans. Ses obsèques furent célébrées le lundi 25 novembre en présence de nombreuses personnalités et officiers supérieurs de la Marine comme d'autres Armes.
Le 14 juillet 1973, dans le cadre des festivités de la Fête nationale, était dévoilée la plaque du boulevard Constant Colmay. (photo ci-dessous)
La Collectivité lui a rendu un nouvel hommage en 1999 avec la parution d'un timbre dans la série Personnages célèbres.
En 2014, le nom de Commandant Constant Colmay était donné à la promotion 2014-2015 de la Préparation Militaire Marine. [8]
Le Gouverneur Beaux et Mme Anita Marie Ange Sollier, sœur de Constant Colmay,
dévoilent la plaque. [9]
Constant Colmay était commandeur de la Légion d'Honneur, Compagnon de l'Ordre de la Libération, détenteur de multiples décorations, dont la Médaille militaire pour faits de guerre, de la Croix de guerre 1939-1945 avec 10 citations et de la Médaille de la Résistance avec rosette. Il disposait du droit de port individuel de l'insigne à Croix de Lorraine. [10]
Une portion du boulevard Constant Colmay, celle qui allait du square Joffre à la Pointe aux canons, portait auparavant le nom de rue de l'Armée d'Italie. Le reste, jusqu'à la jonction avec la route du Cap-à-l'Aigle (boulevard Thélot) était le résultat de travaux entrepris dans les années 1960, qui ont bouleversé l'aspect du littoral, préalablement consacré aux graves.
Anse à Rodrigue en 1920-21 - Photo du Dr Thomas
Sur cette photo prise par un armateur vers 1901, on aperçoit l'étang Rodrigue [11]
Début des travaux (fin des années 60)
Collection André Lafargue
Photo André Lafargue
Michel Le Carduner
Juin 2021
Notes
[1] Archives centrales de la Marine, Sous-série CC7 4ème Moderne 1689/2 (dossier individuel). Notice établie le 19 décembre 1978 par le Maître-Principal D. Lemaire.
[2] Bertrand Chatel, Combats (1943-1945) Fusiliers marins de la France Libre Avec l'escadron d'Alain Savary, Paris, La Pensée Universelle, 1989.
[3] Source : Bertrand Chatel, op. cit.
[4] Source : Encyclopédie des messageries maritimes
http://www.messageries-maritimes.org/eridan.htm
[5] Petit Colombier.com, Généalogie famille Colmay, 28 janvier 2007
[6] Claude Guy, En écoutant de Gaulle. Journal. 1946-1949, Paris, Grasset, 1996.
[7] Source : Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon, Publication d'André Lafargue du 1er mars 2020.
[8] Écho des caps, N° 1391, vendredi 19 décembre 2014, page 8.
[9] Source : Facebook, groupe de partage, Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon.
[10] A ces distinctions s'ajoutent la Médaille coloniale, la Médaille des combattants volontaires de la Résistance, la Médaille de l'Aéronautique, la Bronze Star Medal U.S.A., Officier de l'ordre royal du Cambodge. ( Archives centrales de la Marine, Sous-série CC7 4ème Moderne 1689/2 (dossier individuel). Notice établie le 19 décembre 1978 par le Maître-Principal D. Lemaire.)
[11] Jean Lévesque, Saint-Pierre et Miquelon Des images et des hommes, Villedieu-les-Poêles, 1999, page 21.