mardi 8 février 2022

 Rue du Petit chemin de fer 


Cliché de l'auteur

La France a, on le sait, délaissé depuis des décennies le transport de marchandises par le rail au profit de la route. L'archipel a, lui aussi, privilégié cette option. Chacun aura pu constater, il y a quelques mois de cela, les rotations de semi-remorques transportant d'énormes blocs de pierre destinés à renforcer les digues du port. Eh bien, si l'on se reporte un petit siècle en arrière, autre période où le port fit l'objet d'importants travaux de rénovation, c'est un autre choix qui fut fait. De cette période, il reste quelques  discrètes traces dans l'Archipel, dont une rue du Petit chemin de fer à Saint-Pierre [1]


La Decauville place de la Roncière

 Source : Collection Jean Busnot


Car il y eut bel et bien à Saint-Pierre un chemin de fer. A preuve la description qu'en fait Raymond Girardin dans son recueil de souvenirs  Au temps du pipette, fidèle reflet du souvenir qu'en ont gardé les gens de sa génération.[2] Les enfants dont les parents petits pêcheurs déménageaient chaque printemps à la Pointe à Bertrand ou l'anse à l'Allumette profitaient volontiers de l'aubaine pour se rendre sans effort à l'école ou en revenir. Autre preuve irréfutable, les photographies des locomotives. Et dans Le Foyer paroissial de mai 1925, on peut lire ceci : « Les Saint-Pierrais qui n'ont jamais quitté leur pays peuvent admirer un chemin de fer sur route et deux locomotives faisant la navette entre le quai de la Roncière et l'anse à Ravenel...» [3]

         Mais qu'on ne s'y trompe pas. Il ne s'agissait pas d'un train de voyageurs. L'installation et l'exploitation d'une ligne de chemin de fer à Saint-Pierre au milieu des années 20 ont été rendues nécessaires par les importants travaux d'amélioration du port de Saint-Pierre entrepris à l'époque. En 1919, on avait déjà envisagé de relier la ville de Saint-Pierre au Frigorifique par un petit chemin de fer côtier à voie de 0,60 m qui aurait emprunté la route du cap à l'Aigle, mais ce projet fut abandonné, car la construction et l'exploitation de la plate-forme auraient été trop coûteuses pour un emploi très peu fréquent. [4]

L'Archipel connaît alors, la Prohibition aidant, une ère de prospérité exceptionnelle. Le trafic du port est intense. Il a décuplé en 1923. L'année suivante, les recettes de la colonie s'élèvent à plus du triple des dépenses. [5]

Or les quais, les cales et les plans inclinés sont presque tous dans un état déplorable. En 1916 déjà, MM. Dupont et Leban, respectivement président et vice-président de la Chambre de commerce, déclarent dans un rapport à l'Administration : «  La ville, les quais et cales, les rues sont dans un état de délabrement complet La digue est à refaire. » [6] La digue en question, c'est celle de l'île aux Moules, dont la construction remonte aux années 1890. La presque totalité des militaires du détachement des disciplinaires y avait été employée. Mais dès 1900, cette digue donne des signes de fatigue et des travaux seront effectués, sans que pour autant la digue soit véritablement achevée.  Au début de 1920, l'ingénieur Paul Adam écrit à son sujet : « Pour une longueur totale de 440 mètres, la partie haute a fini par être emportée sur 210 mètre environ, jusqu'à présenter aujourd'hui trois grandes brèches dont la profondeur atteint 1 m 80. » [7]

Des travaux d'amélioration du port sont mis en adjudication au printemps de 1924. Outre le dragage de 91 000 m 3 de vase et le dérochement de 6 800 m 3, ces travaux prévoient l'achèvement de la digue de l'île aux Moules (enrochement et confection de 6 000 m 3 de maçonnerie et béton de ciment pour blocs artificiels, plate-forme, mur de garde) et la reconstruction du quai de la Douane.

La soumission de la Société Générale d'Entreprises, est retenue. La SGE, qui donnera naissance à Vinci, avait été créée en 1899 par Louis Loucheur et un ami de Polytechnique, Alexandre Giros. Industriel, Louis Loucheur fut aussi de nombreuses fois ministre dans différents gouvernements entre 1917 et 1931. 

L'ampleur des travaux oblige la SGE à faire appel à des travailleurs extérieurs à l'Archipel. C'est ainsi qu'à chaque début de campagne arrivait un certain nombre de « travailleurs immigrés ». Ainsi, le 28 avril 1925, le vapeur Mulhouse, propriété de La Morue Française, arrive de Saint-Malo avec une soixantaine d'ouvriers à son bord, italiens pour la plupart ; ou encore le 22 mai 1926, le vapeur Celte, appartenant lui aussi à La Morue Française, amène à Saint-Pierre de nouvelles équipes de travailleurs. Le même Celte apportera l'année suivante une quarantaine d'ouvriers. Un contingent de 37 Italiens repartit encore le 4 décembre 1930.

On trouve dans les archives locales des échanges entre la Gendarmerie, la CGE et le Gouverneur. L'administration, tout en reconnaissant que « le maintien de main d'oeuvre étrangère à Saint-Pierre [était] nécessaire » [8] considérait en effet que les ouvriers restaient tout le temps de leur séjour dans l'archipel sous la responsabilité de l'entreprise qui les avait embauchés et fait venir dans l'archipel. Elle craignait en outre que certains n'en profitent pour gagner le continent proche pour y émigrer.


Courrier de la Société Générale d'Entreprises au Gouverneur montrant 

qu'elle était tenue responsable des ouvriers étrangers qu'elle employait.

Source : Archives locales

La Société établit ses bureaux et ses ateliers dans l'ancienne forge de François Thélot, quai de La Roncière, près de la forge Lescamela, le « Cercle Thélot », où logeaient les ouvriers spécialisés (plongeurs, mécaniciens, forgerons). Les logements communiquaient avec la forge. [9] 


Le cercle Thélot

mis en vente en 1924 à la suite de la faillite de

la Société Française des Pêcheries à Vapeur

Devant la Bascule (poids public) aboutissait la ligne de chemin de fer  qui partait du cap Noir, où était extraite, dans la « carrière des Italiens » (aujourd'hui la décharge municipale), la roche nécessaire au renforcement de la digue aux Moules et des quais. A hauteur du pont Boulot, un embranchement permettait de se rendre jusqu'à l'anse à Ravenel pour y puiser sable et galets. Deux locomotives tirant des wagons-bennes à bascule faisaient ainsi la navette entre le quai de La Roncière et l'anse à Ravenel ou le cap Noir. 

Au fond la Bascule [10]



Un groupe de travailleurs italiens

(allongé, à gauche de la pancarte, Jean Garzoni

(Prêt Mimie Garzoni)


Les ouvriers, quant à eux, qui furent jusqu'à 80, logeaient à proximité de l'étang Gautier, lieu de patinage autrefois, aujourd'hui comblé, dont ils utilisaient l'eau, dans un bâtiment qu'ils avaient construit. [11]

Sur la carte-postale ci-dessus, on aperçoit, au premier plan,

la ligne de chemin de fer se rendant à l'anse à Ravenel


                 Les travaux, débutés en 1925, seront achevés en 1930. La digue aux Moules sera achevée à l'automne 1927, le quai de la Douane un an plus tard. L'approfondissement de la passe et du port s'effectuera en 1929 et 1930.


Le Barachois à la fin des années 20

 (On aperçoit, au fond, une drague et une grue)

(Prêt Bernard de Lizarraga)

A l'issue des travaux, la plupart des Italiens reprirent le bateau pour l'Europe ou le Canada. Quatre – Jean Garzoni, Ambroise Marius Alzetta, Francesco Antonio Tonussi et Nicodème Zangari – resteront à Saint-Pierre. Tous seront naturalisés français. Trois d'entre eux épouseront des Saint-Pierraises.  

Nicodème Zangari, qui avait épousé Elizabeth Catalano, originaire du même village de Mammola, en Calabre, eut deux enfants à Saint-Pierre: Noël Antoine, en 1925, et Assunta, en 1927. 

Ambroise Marius Alzetta, selon les sources forgeron, mécanicien ou ouvrier chaudronnier, est né à Guanzate, dans la province de Côme en Lombardie le 19 janvier 1903. Quand il est recruté par la C.G.E., il réside à Corbehem dans le Pas de Calais. [12] Il va épouser à Saint-Pierre, le 28 avril 1928, Paulette Marie Alberte Guibert, alors âgée de 17 ans. Le mariage fut de courte durée, puisque leur divorce fut prononcé le 3 juin 1931. Ils eurent deux enfants: Gustave Paul Louis en 1929 et Irène Emilie Andrée l'année suivante. Cette dernière se mariera à Montréal en 1952.

Jean Garzoni est né le 10 juin 1904 à Tricesimo dans le nord-est de l'Italie.  Forgeron de métier, il épouse, le 13 décembre 1927, Solange Paule Marie Lévêque, née à Saint-Pierre le 26 juin 1907. Ils eurent deux enfants, Paule Marie Garzoni, née le 23 juillet 1926, et Jean Joseph Ambroise Garzoni, né le 28 avril 1928 et marié le 26 août 1953 à Marie Thérèse Etiennette Rebmann. Ce dernier décédera à Saint-Pierre le 2 juin 1976. Jean Garzoni eut un destin tragique, puisqu'il meurt le 4 avril 1929 à 24 ans. Sa veuve se remariera, en 1942, avec un autre Italien, Giacomo Stefani, mécanicien né à Prato Carnico, dans la province d'Udine également. Ensemble, ils auront deux filles: Sylvia, née en 1943 et mariée dans l'Allier, Nadia, en 1946, mariée à Saint-Pierre avec Bernard Grégoire de Lizarraga. Jean Joseph Ambroise Garzoni et Marie-Thérèse Etiennette Rebmann ont eu 7 enfants, bien connus dans l'archipel. 

Francesco Antonio Tonussi, naturalisé français le 17 octobre 1931, était né à Venzone, dans la province d'Udine au nord-est de l'Italie, le 18 décembre 1906.  Maçon de profession, il  épouse, en 1930, Henriette Marguerite Olivier, native de Saint-Pierre. Ils auront cinq enfants, dont Jean Henry (1930), qui se mariera à Montréal en 1969, et Marie-Claude (1940), l'épouse de Guy Simon. Ils auront le malheur de perdre deux enfants en bas âge. C'est à Jean Tonussi que l'on doit l'entourage en pierre de la résidence préfectorale, parachevant les travaux de rénovation complète de l'édifice. 

Décret de naturalisation d'Ambroise Alzetta [13]

(Recueil des actes administratifs)


A ces quelques noms, on peut ajouter celui de Elie Antoine Riccardo Roncaglia, mécanicien, né à Mirandola, qui épousa Augustine Georgina Frioult. Ils eurent un fils, Georges Louis Elie en 1929, qui se mariera en 1955 à Rodez dans l'Aveyron. Également Guiseppe Zatti , maçon, célibataire, qui meurt à Saint-Pierre en 1926.


Une partie des rails a été réutilisée  à Langlade, 

notamment à l'anse aux Soldats pour le travail du capelan

(Collection Jean-Pierre Poirier, )


Les travaux achevés, les locomotives ont repris le chemin de la Métropole. Quant aux rails et aux wagonnets, ils ont connu une seconde vie.  Une partie des rails a été utilisée dans certaines maisons pour servir d'hiloires [14] ; d'autres sections ont été remontées à l'anse aux Soldats (voir photographie ci-dessus), où l'on travaillait le capelan, à Pointe Plate, pour faciliter le transport des marchandises pour les gardiens du phare, sur le Grand Colombier, au Petit Barachois, où se trouvait une briqueterie, ou encore à Saint-Pierre pour le séchoir de François Monier.


Pointe Plate

(Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon

Publication Marco Harnett, 3 novembre 2016)


Le séchoir Monier à Saint-Pierre
Source: Coll. François Monier
Publication Alain Troussier
Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon

5 mai 2010


La rue du Petit chemin de fer (Cliché de l'auteur)


 




                            Michel Le Carduner [15]

                                                                                                     février 2022


Notes


[1] Arrêté municipal du 12 avril 1979: "La voie prenant naissance au carrefour situé au Sud du Centre Culturel et longeant  l'étang Boulot au sud-est pour aboutir route de la Quarantaine portera le nom de "Rue du Petit chemin de fer". Démarrant au rond-point François-René de Chateaubriand, elle longe l'étang Boulot avant d'obliquer au sud pour rejoindre la route de La Pérouse. 

[2] Raymond Girardin, Au temps du pipette,  Niort, Editions Imbert-Nicolas, juin 1985, pp. 42-43,

[3] Le Foyer paroissial, 2ème année, No 17, mai 1925, p. 80. Voir aussi No 36 de décembre 1926-janvier 1927.

[4] Rapport de l'ingénieur Paul Adam sur l'amélioration du port de pêche de Saint-Pierre adressé au Commissaire aux transports maritimes et à la Marine marchande, 30 janvier 1920, Archives locales.

[5] Allocution du Gouverneur E. Bensch à l'occasion de l'installation de la Chambre de commerce, d'industrie et de pêche, 16 février 1925. Archives locales.

[6] Rapport du 4 novembre 1916. Archives locales.

[7] Paul Adam, op. cit.

[8] Lettre du M.d.L chef de gendarmerie Emin au Gouverneur, 21 novembre 1928, Archives locales

[9] Entretien avec Jean Busnot, 5 février 1986.

[10] Coll. Rolande Saraçola Vigile, Publication 1er avril 2015 Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon,   .

[11] Entretien avec Jean Busnot, 5 février 1986.

[12] Registre des changements de domicile, 15 juin 1928, Mairie de Saint-Pierre.

[13] L'État et vous, No 54, avril 2012.

[14] "Poutre utilisée dans la construction des maisons. Emploi particulier d'un mot qui n'est pas attesté ailleurs que dans la construction des bateaux." Source: Patrice Brasseur, Jean-Paul Chauveau, Dictionnaire des régionalismes de Saint-Pierre et Miquelon, Tübigen: Nemeyer, 1990, page 394.

Marc Dérible, C'est par chez qui?, Rues, routes, places, coulines... de Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Pierre: Éditions Azimut 975, 2011, p. 105.

[15] Première parution dans L'Echo des caps, Semaine du 11 au 18 mai 1990. Supplément 1 à 3.


N.B. On pourra trouver sur la page Facebook du groupe de partage Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon de nombreux documents  et témoignages sur le "train des Italiens"

La lecture des Échos du mois du Foyer paroissial pour les années concernées viendra compléter leur lecture (https://www.arche-musee-et-archives.net/fr/71-presse-locale.html#c2/2) ainsi que la lecture de l'article de Wikipédia consacré à Paul Decauville.

mercredi 1 décembre 2021

 Emile Gloanec 

( Saint-Servan, 19 septembre 1860 - Saint-Pierre, 21 novembre 1946) 


La rue Gloanec vue depuis la rue Me Georges Lefèvre. 

A gauche, le collège Saint-Christophe; à droite, la propriété Gloanec 

(Cliché de l'auteur, 12 novembre 2021) 


                    Cette biographie pourrait être sous-titrée Tel père, tel fils. Les conseillers municipaux de Saint-Pierre ne s'y sont d'ailleurs pas trompés quand, en 1953, ils ont décidé de rebaptiser la rue Delécluse [1] rue Gloanec [2], sans précision de prénom. Ils tenaient à associer ainsi dans leur hommage aussi bien François Louis Gloanec que son fils Émile. Hommage posthume qui venait s'ajouter aux innombrables témoignages de reconnaissance et de gratitude pour les actes de bravoure et de dévouement que l'un et l'autre multiplièrent tout au long de leur existence. 

Un peu d'état civil

                    Emile Jean Marie Gloanec est né le 19 septembre 1860 à Saint-Servan en Ille-et-Vilaine; il est le second d'une fratrie de cinq enfants, dont quatre garçons. Son père, François-Louis Gloanec, était né dans cette même ville le 4 juillet 1831 et y avait épousé, le 10 juin 1857, Marie-Françoise Guillemin. Le grand-père Gloanec, Jean-Marie, pompier dans la Marine, était né à Brest, tout comme son épouse, Jeanne Louise Gilon. Les générations précédentes venaient du sud-est du Finistère ( Kernével, Bannalec). 


Mon père ce héros 

                     François-Louis, le père d'Emile, était maître calfat à Saint-Servan. Mais ne gagnant pas suffisamment sa vie, il décida de venir à Saint-Pierre (Saint-Pierre et Miquelon), où il travailla comme maître de graves pour plusieurs maisons: Le Pommelec, Folquet, Demalvilain notamment. Il effectuera de nombreux séjours dans l'archipel entre 1860 et 1880, mais contrairement à son fils Emile, il ne s'y établit pas définitivement et c'est à Saint-Servan, sa ville natale, qu'il s'éteignit, le 16 avril 1893.

                     A Saint-Pierre comme dans sa Bretagne natale, François-Louis va s'illustrer pendant plusieurs décennies par son courage et sauver d'une mort certaine, au péril de sa propre vie et de sa santé, de nombreuses personnes. Ses actes de bravoure, commencés par un sauvetage en 1847 se poursuivirent jusqu'en 1887, année de l'incendie des ateliers Lhote et Plisson de Saint-Servan. [3] 

                     Dans l'archipel, François-Louis Gloanec va notamment s'illustrer lors du terrible incendie qui détruisit, dans la nuit du 16 au 17 septembre 1867, un tiers de la ville de Saint-Pierre, qui se relevait à peine du précédent sinistre du 5 novembre 1865. La conduite de François Gloanec, gravement blessé, lui valut sa première médaille de sauveteur. 

                     Puis ce fut, dans la nuit du 12 juin 1874, le naufrage du Louise, drossé à la côte par la tempête, dont il sauva l'équipage et la cargaison. En 1873, il reçoit un premier témoignage de satisfaction "pour s'être jeté à la mer le 19 juin 1873 afin de porter secours à un gravier, le nommé Burlot, tombé à l'eau, en attachant la bosse d'un chaland." [4] Et quand il rentre en France, en 1875, un incendie se déclare à bord du trois-mâts Hortense à bord duquel il avait embarqué. Il prendra la tête des opérations et parviendra à maîtriser l'incendie au prix de sérieuses brûlures. 

                     En 1879, de retour dans l'archipel, toujours après un incendie dans la nuit du 15 au 16 août 1879, il dut être hospitalisé pour de graves brûlures. 

                     Ses nombreux exploits, face aux flots en furie comme aux flammes, lui vaudront une multitude de témoignages de reconnaissance et de décorations: cinq médailles d'honneur du département de la Marine et des Colonies (trois en or, deux en argent), quatre témoignages officiels de satisfaction du Ministre, la Médaille de la Reine Victoria, le prix de vertu de la fondation Monthyon, décerné par l'Académie française en 1892, la Légion d'honneur en 1887. La société des Hospitaliers sauveteurs bretons donnera même son nom au canot de sauvetage de Plougasnou .

                     Ironie du sort, François-Louis sauvera de la mort l'équipage de l'Hortense lors d'une tempête le 12 avril 1877 qui avait jeté à la côte le trois-mâts et le brick Atlas. [5] 

Les débuts d'Emile à Saint-Pierre


                         Emile, quant à lui, est arrivé à Saint-Pierre en 1876, à l'âge de seize ans, en qualité d'employé de la maison de commerce et d'armement Anatole Lemoine de SaintMalo. Il en sera le gérant de 1885 à 1888. Les trois années suivantes, il sera le directeur local de la maison de commerce et d'armement H. Lecharpentier. A partir de 1891, il est établi à Saint-Pierre comme commerçant à son compte. 

Emile convole

                         Le 6 septembre 1887, Emile épouse Marie Augustine Pinson, née à l'Île aux Chiens le 26 mai 1869. Elle est la fille d'Auguste Pinson, né dans la Manche le 24 juin 1846, et de Emilie Joséphine Ledinot, qui a vu le jour à Saint-Pierre le 6 septembre 1845. Auguste Pinson est secrétaire de mairie et son épouse, institutrice, dirigera l'asile de l'Île aux Chiens puis l'école maternelle. De leur union naîtront quatre enfants: les trois premiers à l'Ile aux Chiens ( Marie Emilie, en 1888, Eugène, décédé du croup à 17 mois, et Jeanne Joséphine, en 1892 ) et Madeleine, en 1902, à Saint-Pierre.

                         Au tournant du siècle, la famille Gloanec vint s'établir à Saint-Pierre, où Émile fit l'acquisition d'une propriété à l'angle des rues Bisson et Délécluse. [6] 

                        C'est là que naîtra la cadette, Madeleine. 

                         Cette demeure abritera par la suite le commerce Gloanec, où l'on pouvait trouver des produits d'épicerie, des vêtements et les fameuses "caniques" auxquelles le nom d'Émile Gloanec fut très souvent associé. Ses adversaires politiques y furent sans doute pour beaucoup, dans la mesure où ils ne manquaient jamais une occasion de lui dire d'aller vendre ses caniques et ses toupies et de laisser à d'autres le soin de gérer les affaires publiques. [7]


Sur la photographie ci-dessus, datant du tournant des années 1950, 

on aperçoit la maison Gloanec, avec l'entrée du magasin en angle. [8] 


Le premier édile 


                             C'est le sort de toutes les figures publiques d'être exposées à la critique. Et précisément, dès 1900, Emile Gloanec va consacrer une bonne partie de son temps et de son énergie à la "chose publique". Élu conseiller municipal pour la première fois le 13 mai 1900, il est réélu le 1er mai 1904 et siège comme adjoint au maire jusqu'à la dissolution du conseil municipal le 1er mars 1905. Réélu le 21 décembre 1919, il devient maire le 7 janvier 1924 lors des élections déclenchées par la démission du maire François Planté, mis en minorité. Cette année-là, les premières canalisations d'égout en béton sont mises en place rue Sadi-Carnot (actuelle rue Amiral Muselier), en remplacement de celles en bois. 

                             En octobre 1924, l'ensemble des corps élus de Saint-Pierre démissionnent. A l'issue des élections municipales qui ont lieu le 7 décembre, Emile Gloanec est reconduit dans ses fonctions de maire. Ce sera à nouveau le cas les 20 mai 1925, 22 mai 1929 et 5 août 1935. Ce dernier mandat prendra fin le 18 juillet 1936 avec la suppression des communes, qui ne seront rétablies qu'en 1945. 

                             Ce fut l'époque des grands travaux (asphaltage des routes, dragage du Barachois, réfection de la digue aux Moules, construction de cales et de quais, de réservoirs d'eau potable), financés par les seules ressources du territoire alimentées par le Pactole "ce fleuve [qui] traverse actuellement la petite colonie de Saint-Pierre et Miquelon. Ses eaux, baptisées whisky, cognac, champagne, mises en bouteilles, inondent l'Amérique sèche. Cinq cent mille caisses sont parties l'an dernier. Le budget local se boucle avec douze millions d'excédent; le commerce général atteint, pour les neuf premiers mois de 1923, le chiffre de 176 millions; il est entré plus de mille navires dans le port."[9] 

Le maire de Saint-Pierre accueille le ministre des Colonies, 

Pierre-Etienne Flandin lors de son escale le 23 août 1934 [10]

 

7 septembre 1939: Obsèques de Fred Murphy, chef mécanicien de l'Astrid

 Émile Gloanec, à l'extrême gauche, suivi du commandant de la Ville d'Ys [11]


                             Par ailleurs, le 7 juin 1903, il est élu membre de la Chambre de commerce pour un premier mandat de six ans renouvelé aux élections du 13 juin 1909. A deux reprises, de 1910 à 1913 et en 1919-1921, il en sera le Président. Ce n'est qu'en 1930 qu'il quittera, volontairement, la Chambre de commerce.

                             Comme si cela ne suffisait pas, on retrouve Émile Gloanec au Conseil d'administration de la Colonie de 1920 à 1923 en sa qualité de Président de la Chambre de commerce. puis comme membre élu de 1923 à 1926. De 1904 à 1924, il siège sans interruption à la Commission administrative du Bureau de bienfaisance, dont il prit la présidence le 7 janvier 1924. Il fut aussi membre du bureau de la Caisse d'Épargne sans discontinuer de 1900 à 1924 , année où il en prit la présidence. Chacun pourra se faire une idée de son activité débordante en consultant la table nominative du Bulletin Officiel de Saint-Pierre et Miquelon sur le site du Musée de l'Arche à l'adresse ci-dessous:

 https://www.arche-musee-et-archives.net/fr/89-table-nominative-bo-spm.html

                                En lui accordant ses suffrages à plusieurs reprises, la population avait reconnu les qualités d'Émile Gloanec. Reconnaissance partagée par l'État, puisqu'un décret en date du 11 août 1930 du ministère des Colonies le nommait chevalier dans l'Ordre de la Légion d'honneur. C'est Henri Sautot, gouverneur par intérim, qui le reçut, ainsi que le pilote Pierre Gervain, dans l'ordre national, le samedi 27 octobre de la même année dans le salon de l'hôtel du gouvernement. Émile Gloanec avait soixante-dix ans révolus. [12] 


Émile Gloanec, ceint de son écharpe de maire de Saint-Pierre 

 et arborant la Légion d'honneur


 La retraite


                                 Dès lors, il va se retirer progressivement de la vie politique pour jouir d'une retraite amplement méritée, même si, durant la Seconde Guerre mondiale, partisan de la France Libre, on le retrouva au Conseil d'administration de la Colonie présidé par Alain Savary, [13] 



 
La tombe d'Émile Gloanec et Marie Pinson devant celle de leurs enfants

 Cimetière de Saint-Pierre Cliché de l'auteur (4 novembre 2021) 

                         Emile Gloanec s'est éteint à son domicile le 21 novembre 1946, suivant de treize jours dans la mort Marie Pinson, sa compagne de 59 ans de vie commune. Ils reposent tous deux dans le cimetière de Saint-Pierre.

                         La rue Gloanec, ex rue Delécluse, reliait à l'origine la rue Truguet (rue Abbé Pierre Gervain aujourd'hui), à la place du Réservoir. Avec la construction de l'école maternelle de l'Île aux enfants, elle fut scindée en deux et la partie nord-ouest fut débaptisée en avril 1979 pour prendre le nom de rue Eugène Grimaux. En honorant la mémoire de la famille Gloanec, le Conseil municipal de Saint-Pierre répondait favorablement à une demande émanant de Francis Gloanec, neveu d'Émile et petit-fils de François Louis Gloanec en sa séance d 23 mai 1953. 


Et la belle histoire des Gloanec avec l'archipel se poursuit 


                         En juillet 2018, trois générations de Gloanec faisaient escale dans le port de Saint-Pierre: Charles, natif de Saint-Brieuc, arrière-arrière petit-fils de Yves Charles Gloanec (1823-1888), frère de François Louis Gloanec; son fils, Antoine, chirurgien-dentiste à Lamballe et son petit-fils, Max. En provenance de Halifax, ils reprirent ensuite la mer pour rejoindre la Bretagne. 5 juillet 2018: 


L'Ocean Dentiste fait escale à Saint-Pierre.

 De gauche à droite: Chloé Gautier, Charles Gloanec, Antoine Gloanec et Max Gloanec. [14]

 (Cliché de l'auteur)


 Les mêmes devant la maison des Gloanec.

 (Avec l'aimable autorisation de Charles Gloanec) 



La rue Gloanec depuis la rue Abbé Pierre Gervain. 

 A gauche, le Service des Affaires maritimes 

(Cliché de l'auteur, 12 novembre 2021) 



                                                                                                             Michel Le Carduner 

                                                                                                                 Décembre 2021 


 Notes

 [1] Joseph Marie Fidèle Délécluse, capitaine de corvette de première classe en retraite, gouverna la colonie du 3 juillet 1845 au 13 octobre 1849. La rue portant son nom reliait la rue Truguet (communément appelée route du Cap, aujourd'hui rue Abbé Pierre Gervain), à la place du Réservoir, devant l'étang du Pain de Sucre. Elle longeait notamment la place de la Liberté (actuelle place Richard Briand) et la place Amiral Courbet. Elle s'interrompt aujourd'hui devant l'école de l'Île aux enfants, construite sur l'emplacement de cette dernière. Cette place a accueilli aussi la patinoire de l'USSEM et c'est aussi sur la place Courbet que fut exécuté Joseph Auguste Néel, le 24 août 1889 (Rodrigue Girardin, Crimes et délits à Saint-Pierre et Miquelon, Éditions Azimut975, 2015, pp. 95-125)

[2] Arrêté n° 419 du 26 août 1953 faisant suite à la délibération du Conseil municipal du 23 mai 1953. 

[3] Lettre de Francis Gloanec, neveu d'Émile Gloanec, adressée au maire de Saint-Pierre le 30 mars 1953. 

[4] Feuille Officielle, 3 juillet 1873,page 2. 

[5] "Coup de vent d'Est. Les trois-mâts Hortense, Duguay-Trouin font côte, le premier dans le Barachois, le deuxième sur l'Île [au] Massacre. Le brick Atlas et le brick-goélette Aigle, également à la côte perdent 4 hommes qui disparaissent sous les yeux de leurs camarades au moment où ils abandonnaient leurs navires pour gagner la terre." E. Sasco, J. Lehuenen, Éphémérides de Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Pierre, Imprimerie du Gouvernement, 1970.

Sur le naufrage du trois-mâts Hortense, voir aussi Thérèse Claireaux-Gervain,14 naufrages à Saint-Pierre et Miquelon, Éditions Yellow Concept, 2021, pp. 46-56.

[6] Respectivement rues Maître Georges Lefèvre et Gloanec aujourd'hui. Le 6 novembre 1827, lors de la guerre d'indépendance de la Grèce, plutôt que de se rendre, Hippolyte Magloire Bisson se saborda en faisant sauter le navire dont il avait le commandement, le Panayotis. Joseph Marie Fidèle Délécluse, capitaine de corvette de première classe à la retraite, gouverna la colonie de Saint-Pierre et Miquelon du 3 juillet 1845 au 13 octobre 1849. 

[7] " Cet être est capable de tout, il faut qu'il retourne à ses toupies, à ses caniques, à ses boules puantes." La Vigie, 4 janvier 1918, page 3. Dans cet article intitulé Gloanec Traitre Judas et consacré à l'adjudication du service postal de la colonie, Émile Gloanec, alors Président de la Chambre de commerce, est accusé d'avoir voulu vendre la colonie aux Anglais; il y est qualifié de fourbe, de traitre, d'immonde, de vendu. 

[8] Source: Publication Nathalie Paturel Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon 15 juin 2015. [9] Le Journal des Débats du 5 janvier 1924 cité dans Le Foyer paroissial N° 2 de février 1924, page 24. 

[10] Source: Deb Reardon, Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon, 24 mars 2016.

 " Arrivée du paquebot Champlain ayant à son bord M. Pierre-Étienne Flandin, Ministre des Colonies, M. Gasnier-Duparc, Sénateur-Maire de Saint-Malo, M. Delmas, Maire de La Rochelle. Le Ministre descend à terre et prononce un discours. Le Maire M. Gloanec lui donne la réponse. Le Ministre et sa suite regagnent le Champlain qui repart à 19 heures." É. Sasco, J. Lehuenen, Éphémérides des Îles Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Pierre, Imprimerie du Gouvernement, 1970. Le ministre fait route vers New York pour participer aux célébrations du 400e anniversaire du voyage de Jacques Cartier. 

11] Source: Collection Anita Lafargue, Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon, 4 janvier 2016. " A la suite de la nouvelle de la déclaration de guerre, l'aviso Ville d'Ys entre d'urgence venant de Saint-Jean de Terre-Neuve. Dans la nuit, rencontre avec une vedette canadienne. A la suite d'une méprise tragique, l'aviso tire au canon et à la mitrailleuse sur la vedette. Le chef-mécanicien est tué d'une balle dans la tête." É. Sasco, J. Lehuenen, Éphémérides des Îles Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Pierre, Imprimerie du Gouvernement, 1970.

 [12] Bulletin Officiel de Saint-Pierre et Miquelon, N° 21, jeudi 30 octobre 1930, Partie non officielle, pp. 183-187. [13] Douglas G. Anglin, The St Pierre and Miquelon Affaire of 1941. A study in diplomacy in the North Atlantic Quadrangle, Toronto, Toronto University Press, 1966, page 119.

 [14] Pour suivre l'aventure de l'Océan Dentiste, rendez-vous sur le site www.ocean-dentiste.com 


Sources complémentaires:

 Un livret de Caisse d'Épargne de 100 francs au maître calfat servannais François-Louis Gloanec, Ouest-France, 17 mars 1953. 

Michel Le Carduner, Rue Gloanec, L'Écho des caps, juin 1984, pp. 19-21.

mercredi 16 juin 2021

 Constant Colmay


( Ile aux Chiens, 14 octobre 1903 – Toulon, 25 novembre 1965)


Le Matricule 11064 FN40

Source : Musée de l'Ordre de la Libération

https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/constant-colmay 


Constant Victor Alphonse Marie Colmay est né à l'île aux Chiens, le 14 octobre 1903. Il est le cadet de cinq enfants. Son père, Jean-Marie Jules Colmay, était originaire de Pleurtuit en Ille et Vilaine, où il avait vu le jour le 30 octobre 1862. Le 26 janvier 1892, il épouse, à l'île aux Chiens, Hélène Joséphine Gautier, fille de Jean-François Gautier, natif de Saint-Pierre, et de Hélène Hartley, une Terre-Neuvienne. 

A gauche, la maison de Jean Colmay (1914-1915)

Collection du Dr Thomas

Constant a tout juste trois ans quand sa mère décède, le 16 décembre 1906, à l'âge de 31 ans. Son père, marin, ne se remariera pas et décédera à 54 ans, le 29 juillet 1917. 

Constant, adopté par son oncle et parrain, Constant Pierre, quitte l'archipel très jeune pour grandir dans la ville natale de son père, qui compte alors un peu moins de 4000 habitants.

Jean Colmay, avec barbiche et moustache, au fond à droite, avec ses quatre enfants : Jean Eugène, l'aîné, au fond au milieu,  Auguste, à gauche, dont le fils Roger perdra la vie dans le torpillage de la corvette Mimosa le 9 juin 1942, Anita, à droite, et Constant, le cadet, à côté de sa tante, Victorine Caroline Gillorin et devant son oncle et parrain Constant Pierre Colmay.

Prêt Claudette Disnard-Colmay


Il effectue son service militaire dans la Marine. Incorporé le 25 mars 1922 par devancement d'appel, il suit d'abord la formation marine au Portzic. Puis il intègre l'Ecole de radios de Toulon, où il décroche,  le 1er janvier 1923, le brevet élémentaire de radio. Il embarque ensuite quatre mois sur Le Bouclier, avec lequel il reviendra pour la première fois à Saint-Pierre.

 Le contre-torpilleur Bouclier

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Classe_Bouclier 


De retour à Toulon, il suit le cours de chef de poste radio et est promu quartier-maître radio. Il est affecté alors au Centre administratif de la Marine à Bizerte en Tunisie et ce, jusqu'à la fin de son service militaire, le 23 mars 1925. [1] Il est alors maître radio volant à Karouba. 


Constant Colmay en 1923

               Prêt Claudette Disnard-Colmay


Libéré des obligations militaires, il va continuer à naviguer. En 1926, il obtient le brevet d'officier radio de la Marine marchande. De 1927 à 1929, il est à bord du chalutier Atlantique de Fécamp dans les eaux de Terre-Neuve et du Groënland. De 1929 à 1939, il effectue, comme officier radio et électricien, des campagnes de pêche au large de la Norvège sur plusieurs navires de Boulogne-sur-mer (S.S. Louise, Suzanne, Tartarin, Tarascon). Entre-temps, il effectue deux périodes de réserve volontaires comme radio volant au Centre d'aviation maritime de Cherbourg.


Constant Colmay dans sa tenue de radio volant

            A la déclaration de guerre, en septembre 1939, Constant Colmay est affecté, comme officier marinier radio, sur le Tarana, un chalutier armé en guerre, dont les mitrailleuses et le canon étaient dissimulés sous des filets de pêche. Le navire va effectuer des missions de reconnaissance depuis Boulogne, son port d'attache. C'est sur ce bâtiment qu'il quitte Cherbourg à l'arrivée des Allemands pour rejoindre Porstmouth.

Quand le général de Gaulle lance son appel à résister à l'Occupation, Constant Colmay est déjà à Londres, où il rejoint, le 1er juillet, les F.N.F.L.

Dès le 3 juillet 1940, il intègre le 1er Bataillon de Fusiliers Marins, qu'il rejoint en Palestine. C'est dans cette unité, qui deviendra, en juin 1943, le 1er Régiment de Fusiliers Marins, que Constant Colmay combattra durant toute la Seconde Guerre mondiale, et qu'il ne quittera qu'en mai 1947.

Après avoir participé à la bataille de Dakar (23-25 septembre 1940), il combat sur de nombreux théâtres d'opérations: Palestine, Lybie, Tunisie, Italie, France et Allemagne.

En décembre 1941, il quitte la Palestine pour la Lybie, où il participe à la bataille de Bir-Hakeim, en juin 1942, à la tête d'une batterie de DCA. Cette bataille est considérée comme la première contribution militaire significative des Forces françaises libres. Puis ce sera El Alamein (23 octobre – 3 novembre 1942), victoire alliée décisive. Après Tobrouk et Tripoli, il passe en Tunisie à la poursuite de l'ennemi. La brigade française, devenue division, va contraindre à la reddition, après de durs combats à Takrouna, la 90e division allemande et la division blindée italienne, celles-là mêmes qui l'encerclait à Bir-Hakeim. 

C'est de là que les Alliés engagent la campagne d'Italie en juin 1943 par l'occupation de l'île de Pantelleria, située entre la Tunisie et la Sicile. Promu officier en second  du 2e escadron du Régiment, Constant Colmay devient de fait l'adjoint du lieutenant de vaisseau Alain Savary. Il va notamment s'illustrer lors de la prise de Pontecorvo, située sur la ligne Hitler. Cette conquête, qui faisait suite à l'évacuation du Mont Cassin, ouvrait la route de Rome. [2]

Suivra ensuite le débarquement en Provence – l'opération Dragoon - sur les plages de la baie de Cavalaire en août 1944. Il participe aux combats particulièrement acharnés du secteur de Roquebrune et de Toulon, qui sera libérée le 26 août. Il sera d'ailleurs blessé au Cap Brun.


Le débarquement sur les côtes françaises en août 1944

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9barquement_de_Provence 

 

Bien que blessé, Constant Colmay n'en perd pas le sourire pour autant

De gauche à droite :

médecin principal Gourvès, O.E.Constant Colmay, E.V. J. Bauche, L.V. Alain Savary [3]



A la tête du 2ème Escadron depuis le 20 octobre 1944, il participe aux combats des Vosges et de la plaine d'Alsace. Son unité conquiert notamment le pont de Markolsheim au profit de la 2e D.B., qui pourra ainsi foncer sur Colmar.

Le 1er Régiment de Fusiliers Marins termine la guerre sur le front des Alpes. Constant Colmay prend le commandement de l'Escadron de tradition du 1er R.F.M. le 1er octobre 1945. Son unité va d'abord faire partie des troupes d'occupation dans le secteur de Constance. Elle se rend ensuite à Marseille, où elle embarque sur le paquebot Eridan à destination de Saïgon pour y assurer la protection du Haut Commissaire en Indochine. Ce navire, qui avait servi pendant la guerre comme transport de troupes sous commandement anglais mais avec un équipage français, venait d'être rendu, quelques mois plus tôt, à la France. Il va participer, en mars 1946, à la reprise du Tonkin. A peine arrivé, Constant Colmay reprend les combats et sa bravoure lui vaudra une nouvelle citation à l'ordre de l'Armée de mer. 

L'Eridan sortant du port de Marseille [4]


Il va rester en Indochine jusqu'en mai 1947. C'est là qu'il épouse, le 13 juin 1946, Fernande Taponard, née à Lyon en juin 1920. Ils auront deux enfants : une fille, née en 1948, et un garçon, en 1950. [5]

Constant Colmay est de retour à Toulon en mai 1947. A l'automne, il traverse la Méditerranée pour rejoindre l'Ecole des Fusiliers marins de Sirocco, près d'Alger. Il y restera jusqu'en mai 1954 en qualité d'instructeur parachutiste et d'infanterie. En 1948, il est breveté parachutiste et commando.

En mai 1954, il embarque sur le paquebot Pasteur pour retrouver Saïgon pour un séjour de deux ans. D'abord commandant de la Compagnie de garde de la ville, il assure ensuite la défense du port.

Il revient en Métropole sur le paquebot Henri Poincaré, où il commande la Compagnie de garde. Admis à la retraite le 1er novembre 1961, il quitte le service actif un an plus tard.

Entre-temps, il sera le suppléant de Claude Guy, candidat aux législatives du 10 mai 1959 pour la circonscription de Saint-Pierre et Miquelon. Ces élections verront la victoire de Dominique-Antoine Laurelli, qui succède ainsi à Alain Savary, qui l'avait défait lors des deux précédentes élections. Claude Guy, officier aviateur qui rallia la France Libre, fut, de 1944 à 1949, l'aide de camp du général de Gaulle. [6]

Devenu conservateur du Musée du Mont Faron, Constant Colmay va contribuer à rassembler les souvenirs du débarquement de Provence. A l'occasion du vingtième anniversaire de ce dernier, le général de Gaulle inaugure, le 15 août 1965, le Mémorial du Débarquement de Provence, installé dans la Tour Beaumont sur les hauteurs nord de Toulon.


Le général de Gaulle passe en revue les troupes à la base d'aviation navale

 d'Hyères-Le Palyvestre en 1964 en compagnie de l'officier en chef des équipages Constant Colmay 

et du ministre des Armées Pierre Messmer [7]



Constant Colmay s'est éteint à l'hôpital maritime Sainte-Anne de Toulon le 25 novembre 1965, à 62 ans. Ses obsèques furent célébrées le lundi 25 novembre en présence de nombreuses personnalités et officiers supérieurs de la Marine comme d'autres Armes.

Le 14 juillet 1973, dans le cadre des festivités de la Fête nationale, était dévoilée la plaque du boulevard Constant Colmay. (photo ci-dessous)

La Collectivité lui a rendu un nouvel hommage en 1999 avec la parution d'un timbre dans la série Personnages célèbres.

En 2014, le nom de Commandant Constant Colmay était donné à la promotion 2014-2015 de la Préparation Militaire Marine. [8]


Le Gouverneur Beaux et Mme Anita Marie Ange Sollier, sœur de Constant Colmay,

dévoilent la plaque. [9]



Constant Colmay était commandeur de la Légion d'Honneur, Compagnon de l'Ordre de la Libération, détenteur de multiples décorations, dont la Médaille militaire pour faits de guerre, de la Croix de guerre 1939-1945 avec 10 citations et de la Médaille de la Résistance avec rosette. Il disposait du droit de port individuel de l'insigne à Croix de Lorraine. [10]

Une portion du boulevard Constant Colmay, celle qui allait du square Joffre à la Pointe aux canons, portait auparavant le nom de rue de l'Armée d'Italie. Le reste, jusqu'à la jonction avec la route du Cap-à-l'Aigle (boulevard Thélot) était le résultat de travaux entrepris dans les années 1960, qui ont bouleversé l'aspect du littoral, préalablement consacré aux graves.


Anse à Rodrigue en 1920-21 - Photo du Dr Thomas


Sur cette photo prise par un armateur vers 1901, on aperçoit l'étang Rodrigue [11]


Début des travaux (fin des années 60)

Collection André Lafargue


Photo André Lafargue

 


                                                                                                           


                                                                                                             Michel Le Carduner        

                                       Juin 2021


Notes


[1] Archives centrales de la Marine, Sous-série CC7 4ème Moderne 1689/2 (dossier individuel). Notice établie le 19 décembre 1978 par le Maître-Principal D. Lemaire.

[2] Bertrand Chatel, Combats (1943-1945) Fusiliers marins de la France Libre Avec l'escadron d'Alain Savary, Paris, La Pensée Universelle, 1989.

[3] Source : Bertrand Chatel, op. cit.

[4] Source : Encyclopédie des messageries maritimes 

http://www.messageries-maritimes.org/eridan.htm 

[5] Petit Colombier.com, Généalogie famille Colmay, 28 janvier 2007

[6] Claude Guy, En écoutant de Gaulle. Journal. 1946-1949, Paris, Grasset, 1996.

[7] Source : Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon, Publication d'André Lafargue du 1er mars 2020.

[8]  Écho des caps, N° 1391, vendredi 19 décembre 2014, page 8.

[9] Source : Facebook, groupe de partage, Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon.

[10] A ces distinctions s'ajoutent la Médaille coloniale, la Médaille des combattants volontaires de la Résistance, la Médaille de l'Aéronautique, la Bronze Star Medal U.S.A., Officier de l'ordre royal du Cambodge. ( Archives centrales de la Marine, Sous-série CC7 4ème Moderne 1689/2 (dossier individuel). Notice établie le 19 décembre 1978 par le Maître-Principal D. Lemaire.)

[11] Jean Lévesque, Saint-Pierre et Miquelon Des images et des hommes, Villedieu-les-Poêles, 1999, page 21. 


 


dimanche 23 mai 2021

 Paul-Aristide Mazier

( Saint-Pierre, 2 décembre 1851 – Paris, 13 décembre 1912 )

Tel père tel fils ou D'un Mazier l'autre


Paul Mazier, ceint de l'écharpe tricolore de maire 

et arborant sa Légion d'honneur 

Collection Jean-Louis Légasse

Quand, le 23 mai 1953, le conseil municipal de Saint-Pierre décidait de débaptiser la rue Délécluse pour lui donner le nom de Gloanec, sans précision du prénom, c'était pour rendre hommage à la fois à François Louis Gloanec pour les "nombreux actes de courage et de dévouement durant son séjour à Saint-Pierre de 1860 à 1880" et perpétuer "la mémoire d'Emile Gloanec, son fils, pour les nombreux services rendus par ce dernier qui fut maire de Saint-Pierre de 1924 à 1936." [1]

On aurait pu procéder de même quand, en 1931, par arrêté du 11 mai, la rue Neuve devenait la rue Paul Mazier. Elle aurait fort bien pu s'appeler simplement rue Mazier, honorant ainsi François-Jacques, le père, et Paul-Aristide, le fils, unis par le commerce et l'engagement politique local.



La rue Neuve

(Collection Jean-Louis Légasse)


Un peu d'état civil

Paul-Aristide Mazier est né à Saint-Pierre le 2 décembre 1851, l'aîné de quatre enfants. Viendront après lui Louis Constant, le 11 mars 1853,Virginie Caroline, le 2 octobre 1855, et Caroline-Marie le 2 novembre 1859, qui décédera la même année .

Leur père, François-Jacques, est né le 26 avril 1822 à Roz-sur-Couesnon en Ille et Vilaine et est arrivé dans l'archipel en 1844-45 en qualité de commis négociant pour une maison malouine. Sa mère est Caroline-Euphémie Dagort, née à Saint-Pierre le 15 février 1832. La famille Dagort est établie dans l'archipel depuis plusieurs générations. Le père de Caroline, Louis Laurent, est boulanger, comme son père avant lui. Caroline-Euphémie mourra le 7 mai 1876, à seulement 44 ans.


François-Jacques: le père

Au milieu des années 1860, François-Jacques, dont le père était agriculteur, est déjà un négociant armateur bien établi dans l'île. La trace de son aisance financière est encore bien visible de nos jours place du Général de Gaulle. En 1862 en effet, François-Jacques Mazier acquerrait un terrain à l'angle des rues Bisson et Saint-Louis ( rues Me Georges Lefèvre et Pierre L'Espagnol actuelles) sur lequel il faisait construire un bâtiment en brique abritant un commerce et un logement. Par le jeu des successions et des transactions, transformé et agrandi, l'édifice abrite aujourd'hui La Maison du cadeau et , depuis 2003, le Musée Héritage. [2] 


Collection Jean-Louis Légasse [3]

François-Jacques Mazier  était très impliqué dans la vie locale. Pour preuve: trésorier du Bureau de bienfaisance (1865), capitaine de la milice (1865), membre de la Commission sanitaire (1865), vice-consul d'Espagne (1867), membre du Conseil d'administration (1871), membre de la commission chargée de la répartition de l'impôt et du classement des patentes (1866-1871), Président des premières élections de la Chambre de commerce (1871), Président de la Commission chargée de faire le recensement de la population (1872). [4] 

A compter du 7 mai 1873, il devient le troisième maire de Saint-Pierre, après les démissions successives de Victor Cordon et Désiré Brindejonc et la dissolution du conseil municipal issu des élections des 3 et 10 novembre 1872. Dès le 27 juillet 1874, la Mairie s'installe rue de l'Hôpital,  dans l'édifice qu'elle occupe encore aujourd'hui. Maison d'habitation acquise quelques mois plus tôt, elle fait l'objet de transformations exécutées `"par des  artisans locaux, des disciplinaires et même des prisonniers." Le maire règle souvent sur ses propres deniers les factures dont le règlement est exigible à la livraison. [5]


Source: Collection Dr Dhoste


D'abord désigné par le Commandant, François Mazier sera reconduit dans ses fonctions lors des élections municipales du 7 novembre 1875. Son mandat sera toutefois de courte durée, puisqu'il va quitter l'archipel avec sa famille le 21 novembre 1877 sur le vapeur Curlew. A Saint-Jean de Terre-Neuve, ils embarquent sur un paquebot à destination de Londres.  Après un court séjour à Saint-Malo, ils s'établissent à Paris, 10, rue de la Chaussée d'Antin. [6]


SS Curlew, avant 1926 [7]

La multitude des fonctions de François Jacques Mazier lui vaudra d'être nommé, par décret du 21 août 1874, chevalier de la Légion d'honneur, tout comme son fils vingt ans plus tard, le 1er août 1894.




Paul-Aristide: le fils

Quelques jours avant le départ en Métropole de son père, son fils aîné Paul-Aristide épouse, le 15 novembre 1877, Marie Eugénie Cécile Léonie Talvande. Fille d'un commerçant malouin établi dans l'archipel depuis les années 1845-50,  elle est née à Saint-Pierre le 22 septembre 1857. [8] Le couple aura trois enfants: Marie-Caroline, le 13 novembre 1878, Paul, le 4 décembre 1880, et Fernand, le 12 avril 1882. Ces deux derniers se marieront  à la Mairie du XVIIe arrondissement de Paris, respectivement le 10 octobre 1909 et le 30 mai 1914, tous deux avec des demoiselles Clément. [9]

La carrière politique de Paul-Aristide Mazier commence en 1881. Élu conseiller municipal le 24 avril, il devient maire le 25 juillet de l'année suivante. Il sera réélu tour à tour le 13 mai 1888, le 22 novembre 1889 et le 16 mai 1892.

En 1885,  il est élu à la tête du Conseil général. L'organisme vient d'être créé par décret du 2 avril de la même année. La séance inaugurale, le 17 août, revêt un faste particulier et se déroule dans la grande salle d'audience du Palais de justice, décorée pour l'occasion. 

Aux élections partielles d'avril 1888, Paul Mazier est réélu au second tour, Jacques Dupont prenant la présidence du Conseil général. Il retrouve son siège en 1891 et en 1894. Malgré les accusations de favoritisme à l'endroit de certains entrepreneurs et fournisseurs de la commune, allégations relayées par le gouverneur de l'époque, il retrouve la présidence du Conseil général en 1896, la nouvelle équipe faisant bloc autour de sa forte personnalité. Mais ce succès sera de courte durée, car l'assemblée locale est dissoute l'année suivante. En 1895 déjà, en créant quatre circonscriptions pour Saint-Pierre, l'Etat avait cherché à affaiblir le Conseil général, dont la plupart des membres siégeait également au Conseil municipal. Il faudra attendre 1945 pour assister au rétablissement des communes et l'année suivante pour voir celui du Conseil général. [10]


La rue Paul Mazier 

après l'incendie de La Roncière (11 novembre 1972)

Collection privée

Tout comme son père avant lui, Paul-Aristide Mazier  multiplia les responsabilités: Président du Bureau de bienfaisance, de la Caisse d'Epargne, de la Commission des patentes et de l'impôt, du Conseil d'hygiène. Il siégea également quatre ans au Tribunal de commerce. En 1891, à sa création, il intègre le Comité consultatif de l'instruction publique, chargé de donner son avis à l'Administration et au Conseil général sur les questions d'éducation. 

C'est sous la mandature de Paul-Aristide Mazier qu'ont été construits tous les quais de soutènement bordant la partie nord du Barachois ainsi que deux cales, que des conduites d'eau ont été mises en place rue Jacques Cartier et de la Poudrière (future rue Léon Leborgne puis Marcel Bonin). Il coordonna à de nombreuses reprises les opérations de secours lors d'incendies. Il fut aussi vice-consul d'Espagne à compter du 25 octobre 1876, et ce jusqu'en 1909. [11]

Dans ses doubles fonctions de Maire de Saint-Pierre et de Président du Conseil général, cumul qui dut faciliter les démarches, notamment pour boucler le budget, il a grandement contribué à la construction de la nouvelle école des Frères de Ploërmel sur le site de l'ancien cimetière désaffecté depuis 1858. Édifice en bois de 60 mètres de long sur 15 de large, il a dominé le centre-ville de Saint-Pierre jusqu'en 1974. Les travaux durèrent deux ans et les Frères de Ploërmel  y entrèrent le 18 avril 1891. [12]

En 1906, il brigue une seconde fois le poste de Délégué au Conseil supérieur des Colonies, mais est battu par Louis Légasse, titulaire du poste. Nous sommes dans un contexte de crise économique profonde qui pousse de nombreuses familles à émigrer au Canada ou aux Etats-Unis et même certains à prôner le rattachement de l'archipel aux Etats-Unis... et la candidature de Théodore Roosevelt Jr à ce poste.

Paul-Aristide Mazier prend, la même année, la présidence du Syndicats des armateurs et siège au Tribunal criminel (l'équivalent local de la cour d'Assises) comme assesseur.

S'il réside toujours quai de la Roncière fin 1907 [13], il semble avoir quitté l'archipel peu après. Le contexte économique et politique dans l'archipel n'est sans doute pas étranger à son départ: crise profonde de la pêche, conflit de l'école libre et rapports pour le moins tendus entre adversaires politiques, qui en venaient parfois aux mains, voire aux armes. Qu'on en juge par les échanges au vitriol par Vigie et Réveil Saint-Pierrais interposés. [14] C'est d'ailleurs un article paru le 31 août 1907 intitulé Honneur et Prestige qui fut cause d'un duel au Skating Rink, le 25 septembre de la même année, entre le Dr Dupuy-Fromy et le maire Mazier. Ce dernier fut légèrement blessé et le combat cessa aussitôt.

Paul-Aristide Mazier décédera à Paris le 13 décembre 1912. [15]

Son fils, Paul Eugène, qui s'était marié à Paris le 10 octobre 1909 à la Mairie du XVIIe arrondissement à Henriette Jeanne Clément (1890-1974) a eu trois enfants en France. Puis le couple s'est établi en Nouvelle-Écosse à Hectanooga, dans le comté de Digby, au sud-ouest de la province. Trois autres enfants y naîtront. [16] Paul Eugène est décédé en 1951 et son épouse en 1974. Ils reposent dans le cimetière d'Hectanagoo.



La tombe de Paul-Eugène Mazier, fils de Paul-Aristide,

 et de son épouse Henriette Jeanne Clément

au cimetière d'Hectanooga (Nouvelle-Ecosse)

Source: https://claretownship.ca/?gm-jump=hg100058 




                                                                                Michel Le Carduner, mai 2021



Notes


[1] voir Echo des caps, juin 1984, pp. 19-21.

[2] www.musee-heritage.fr/about/about.html

[3] On aperçoit, sur la gauche du bâtiment, les deux pavillons d'entrée détruits lors des travaux d'agrandissement de 1927.

[4] Base Lénore Dossier LH/1812/10

[5] Rodrigue Girardin, 120 ans de municipalités, 1 janvier 1999, https://www.saintpierreetmiquelon.net/1011999-120-anss-de-municipalites/

[6] Rose-Marie Reux, François Mazier, Premier maire de Saint-Pierre-de-Terre-Neuve, dans L'Etat et vous, Numéro 60, septembre 2013 et Numéro 61, janvier 2014.

[7] The SS Curlew transported mail and passengers along the Newfoundland and Labrador coast in the 2nd half of the 19th century. Photographer unknown. Reproduced by permission of Archives and Special Collections (Coll 137 24,02,009) Queen Elizabeth II Library, Memoral University of Newfoundland, St John's, NL

Source:https://www.heritage.nf.ca/articles/society/19th-communications-transportations.php 

[8] E. Sasco, Joseph Lehuenen, Ephémérides de Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Pierre, Imprimerie du Gouvernement, 1970.

[9] Registres d'état civil, Mairie de Saint-Pierre

[10] Dominique Guillaume, Saint-Pierre et Miquelon, Du commandement de la colonie au Conseil général de la Collectivité, 1844-1994, Gescom SARL, mars 1995.

[11] Base Lénore Dossier LH/1812/17

[12] Alice Reux-Bonin, 1819-1919 Un siècle d'enseignement à Saint-Pierre et Miquelon, Nonancourt, Farvacque S.A., janvier 1987.

[13] Recensement de la population, 17 novembre 1907, Archives SC 3289.

[14] www.arche-musee-et-archives.net

[15] Dominique Guillaume, op. cit., page 499.

16] Source: Patricia Mazier, petite fille de Paul Eugène François Georges Mazier


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