jeudi 29 avril 2021

 Léon Leborgne

( Saint-Pierre, 19 avril 1887 – Perthes-lès-Hurlus, 26 février 1915)




Prêt Borotra-Pichon



Un peu d'état civil


Léon Maurice Alfred Leborgne est né à Saint-Pierre le 19 avril 1887. Son père, Edouard Joseph, était né à Miquelon le 7 juillet 1862. Il est marin pêcheur. Sa mère, Eugénie Jeanne Marie Pichon, est née à Saint-Pierre le 26 février 1865. C'est là qu'ils se marient le 10 août 1885. Le couple aura trois enfants: Marie Joséphine en 1885, Léon en 1887, et Maurice Edouard en 1889.

Les grands-parents paternels sont Alexis Louis Leborgne, originaire de Miquelon, et Joséphine Marie Le Roux, une Brestoise. Du côté maternel, Jean-Marie Pichon vient de Plerguer en Ille et Vilaine et son épouse Victorine Domitille Daguerre est née aux Îles de la Madeleine en 1835.

Du côté paternel, l'arrière-arrière-grand-père, Alexis Poirier, né à La Rochelle le 28 décembre 1781, était à bord de la flûte du Roi La Caravane, qui quitta Brest le 24 avril 1816, pour revenir s'établir dans l'archipel, redevenu français par le Traité de Paris du 30 mai 1814. Il était accompagné de sa mère, Marguerite, 60 ans, de ses deux soeurs Geneviève (24 ans) et Eugénie Marguerite (21 ans), ainsi que de son épouse Marguerite (27 ans) et de leur nouveau-né, Eugénie-Marguerite, âgée de seulement deux mois. [1] [2] Le père de Marguerite, Michel Leborgne, dit "La Vieille", natif de Port-Toulouse sur l'île du Cap Breton en Nouvelle-Écosse, était mort en détention à Plymouth en Angleterre vers 1802. Un autre Saint-Pierrais, corsaire du roi, connut aussi les geôles anglaises: Jacques De Bon. Et ce à plusieurs reprises.



Source: Michel Poirier [3]


Léon Leborgne a tout juste six ans et demi quand il perd son père, le 17 novembre 1893, qui décède à bord de la goélette Florence. [4]

Il semble qu'il ait vécu un temps chez sa grand-mère maternelle, Victoire Daguerre , originaire des Îles de la  Madeleine, veuve elle aussi, rue Fayolle. [5] [6] Il vit de nouveau avec sa mère, employée de maison, qui loue d'abord chez la veuve Lafourcade, rue Granville, puis rue Boursaint. [7]

La famille a semble-t-il émigré au Québec par la suite, car c'est à Montréal qu'il embarque sur le paquebot transatlantique Chicago, à bord duquel il retrouve le contingent saint-pierrais mobilisé pour la Première Guerre mondiale. 

A la veille du conflit, l'archipel est dans une situation économique critique; l'armement local ne compte plus que vingt-quatre goélettes en 1914. Et si plus d'un millier de Saint-Pierrais partit pour le front, dès mai 1915, le gouverneur de l'archipel obtint le retour dans leur foyer de tous les hommes de plus de 35 ans, afin d'éviter une hémorragie de la population. [8]

Incorporé au 102e Régiment d'Infanterie, basé à Chartres et Paris au moment de la mobilisation en août 1914, Léon Leborgne va trouver la mort le 25 février 1915 à Perthes-lès-Hurlus, dans la Marne, lors de féroces combats, obtenant ainsi le triste privilège d'être la première victime saint-pierraise de ce conflit. Il n'avait pas encore 28 ans. 

Perthes-lès-Hurlus, tout comme le village voisin de Souain, avec lequel il fusionnera en 1950, furent entièrement ravagés lors des campagnes de Champagne et recevront la Croix de guerre 1914-1918 le 20 septembre 1920. Le village de Souain fut au coeur de la seconde bataille de Champagne, en septembre et octobre 1915, qui fit 138 576 victimes en 14 jours de combat, dont huit soldats de l'Archipel dans la seule journée du 25 septembre. [9]  Le lendemain de la mort de Léon Leborgne, c'est le jeune Paul Daygrand, fils d'un armateur de Saint-Pierre retourné en France en 1911, qui tombe à son tour. [10] A l'issue du conflit, sur le millier d'insulaires partis combattre, on dénombra 110 morts.




Souain en 1915

Source: Wikipedia


Il fallut attendre mai 1931 pour qu'une rue de Saint-Pierre porte le nom de Léon Leborgne. Pour cela, on débaptisa la rue de la Poudrière. Mais en septembre 1974, le conseil municipal faisait le choix de débaptiser la rue Léon Leborgne pour la renommer rue Marcel Bonin. Ce n'est qu'en 1982 que le nom de Léon Leborgne fut de nouveau donné à une voie de Saint-Pierre. Celle-ci se situe non loin de l'étang Hérault et relie la rue d'Alsace à la rue de la Résistance.




La rue Léon Leborgne

(Clichée de l’auteur, 3 décembre 2020)




                        Michel Le Carduner

   

                                                                                                                              avril 2021




Notes


  1. Michel Poirier, Les Acadiens aux îles Saint-Pierre et Miquelon 1758-1828, Moncton, N.-B., Les Éditions d'Acadie, 1984, pp. 458-462.

  2. Andrée Lebailly, Saint-Pierre et Miquelon Histoire de l'archipel et de sa population, Saint-Pierre et Miquelon, Atelier JJO, 2015, pp. 111-119.

  3. Michel Poirier, op. cit. , page 464.

  4. Musée de l'Arche, https://www.arche-musee-et-archives.net/fr/105-genealogie.html#/detail/20873I 

  5. Rue Georges Daguerre depuis 1963; portait le nom d'un administrateur de la colonie de 1819 à 1825.

  6. Recensement, 29 novembre 1897, SC 3426

  7. Recensement , 29 novembre 1902, SC 8866

  8. André-Louis Sanguin, Saint-Pierre et Miquelon département français d'Amérique du Nord, Poitiers, Norois, 1983, p. 18.

  9. Andrée Lebailly, op. cit. , pp. 147-148.

  10. Voir Echo des caps n° 1409 vendredi 29 mai 2015, pp. 10-12 et Écho des caps n° 1411 du 12 juin 2015, pp. 12-14.

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