François Planté
( Saint-Pierre, 31 octobre 1871 – Saint-Pierre, 5 mai 1931 )
François Louis Planté
(Collection Hubert Planté)
Un peu d'état civil
François Louis Planté est né le 31 octobre 1871 à Saint-Pierre. Son père, François, est tonnelier. Il est originaire de Saint-Pierre Langers dans la Manche, où il avait vu le jour le 4 février 1840, le fils naturel de Marie Planté. Il a épousé à Saint-Pierre, le 13 septembre 1860, Florentine Honorine Béloir, veuve de Julien Jean Marie Dépagne, décédé le 11 juillet 1858 dans l'archipel à l'âge de 32 ans. Florentine était née à Saint-Pierre le 31 octobre 1836.
Les parents Planté et leurs quatre enfants habitent rue Granchain. [1]
Un autre Planté, Alexis François, lui aussi originaire de Saint-Pierre Langers, comme le père de François Louis, exerce le métier de tonnelier.
Une prospérité sans pareille
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'archipel connaît une période de prospérité sans pareille. La population est passée de 1 665 habitants en 1847 à 4 750 en 1870. Elle culminera à 6 842 habitants en 1902 ( nombre jamais atteint depuis; la crise de 1908 va entraîner l'exode de 2 500 îliens et l'archipel ne compte plus, en 1910, que 4 209 habitants.) [2]
Le nombre des armements passe de 477 en 1840 à 739 en 1889.
On trouve, dans l'archipel, aussi bien deux grandes manufactures de doris, une usine de guano artificiel à base de déchets de poissons, une fabrique de cirés, une biscuiterie, une production industrielle d'huile de foie de morue. [3]
L'artisanat de marine n'est pas en reste et va atteindre son apogée dans la période 1860-1895. Selon une liste loin d'être exhaustive établie par Michel Poirier et publiée par Jeanne Lahiton-Poirier, on comptait en 1882, 18 calfats, 22 voiliers, 20 forgerons, 5 poulieurs et 29 tonneliers, dont Alexis Planté. [4] Après 1875, on vit se multiplier les ateliers de fabrication de tonneaux, ou boucauts, qui étaient majoritairement importés jusque là, principalement des Etats-Unis. [5]
Collection Dhoste
Au recensement de novembre 1897, François Planté, qui a épousé en début d'année (le 9 janvier) Joséphine Angélique Marty, réside désormais rue de l'Hôpital (actuelle rue de Paris).
Quelques années plus tard (1902), le couple réside, avec ses deux enfants, Raymond, 5 ans, et Joseph, 17 mois, rue Délécluse (aujourd'hui rue Gloanec); puis un peu plus tard, rue Gervais (rue Maréchal de Lattre de Tassigny actuelle). Le petit dernier, Fernand Francis, était né le 9 mai 1904.
L’Imprimerie du Gouvernement: Sa seconde famille
Très tôt, le 1er avril 1884, François Planté est entré à l'Imprimerie du Gouvernement comme typographe. Il ne la quittera plus. En 1914, le 1er juillet, il en devient le directeur, une « direction à la fois bienveillante et ferme », selon les termes du gouverneur par intérim Henri Sautot, qui le reçut officiellement dans l’Ordre de la Légion d’honneur le 21 mai 1930 en témoignage de cette longue carrière. Le décret du 4 mars précédent, qui nommait François Planté chevalier, faisait de lui le premier fonctionnaire du cadre local à être ainsi distingué. [6]
François Planté, maire de Saint-Pierre
Le 18 décembre 1919, à l'issue des élections municipales du dimanche 7 qui ont permis de compléter la liste des conseillers municipaux, François Planté fut élu maire de Saint-Pierre, en remplacement de Emile Gloanec, provoquant la colère de l'opposition, qui s'exprimait dans les colonnes de l'Union des Îles Saint-Pierre et Miquelon. Elle y voyait une manoeuvre du Gouverneur Lachat qui avait mis en place " un fonctionnaire subalterne dépendant directement de lui et n'ayant par conséquent aucune indépendance." L'opposition allait même jusqu'à parler de "bolchévisme", de "lutte des classes": "L'élection de décembre ne s'est pas faite sur des noms, elle s'est faite aux cris de: Guerre au commerce, guerre au capital! Or toute la théorie du bolchévisme se résume en ces quelques mots." [7]
Allocution du maire François Planté devant le monument aux morts du cimetière
en présence des anciens combattants et du Gouverneur Bensch (1923) [8]
Emile Gloanec lui succédera à l'issue des élections de 23 et 30 décembre 1923, mais François Planté restera conseiller municipal.
Nous sommes au temps béni, non pas des colonies, mais de la Prohibition. L'Archipel s'est transformé en un vaste entrepôt pour l'alcool qui va ensuite entrer en contrebande au Canada ou aux Etats-Unis. Le travail ne manque pas et les collectivités, riches des taxes perçues sur chaque caisse d'alcool, peuvent dresser la liste – véritable liste au Père Noël - des chantiers qui vont être entrepris à compter de 1924:
Dragage dans le Barachois (3 millions de francs)
Réfection de la digue aux Moules (2 millions de francs)
Construction de cales ( 1 200 000 francs)
Pose de feux sur le Petit Saint-Pierre et sur la Caille Bertrand (200 000 francs)
Routes, bâtiments, entretien des phares (55 000 francs)
François Planté, maire de Saint-Pierre (1920-1923)
(Collection Hubert Planté)
Et la Chronique de l'Institut Colonial français d'ajouter: " Ainsi, avec ses seules ressources, la plus modeste de nos possessions entend travailler à son développement, à l'instar de nos grandes fédérations coloniales." [9]
Sur cette photographie du Dr Le Bolloch du haut de la rue Hautefeuille,
on aperçoit, sur la gauche, le pignon blanc de la maison de François Planté,
à l'angle des rues Ducouédic et François Planté,
aujourd'hui propriété Hardy [10]
La maison Planté
(Collection Hubert Planté)
Par une ironie du sort peu commune, le 11 mai 1931, un congé administratif de 9 mois à passer en France et un passage pour France par la voie des paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique de New-York-Le Havre lui sont accordés. Il n'en aura pas profité puisqu'il meurt le 5 mai 1931.
Par arrêté du 26 septembre 1974, et sur demande du conseil municipal, la rue Hautefeuille [11] était débaptisée pour porter le nom de rue François Planté.
La rue François Planté,
à hauteur de la rue Ducouédic
(Cliché de l’auteur, 26 novembre 2020)
Michel Le Carduner
Décembre 2020
Notes
Ancienne appellation de la rue Sadi-Carnot, aujourd'hui rue Amiral Muselier.
André-Louis Sanguin, Saint-Pierre et Miquelon, Département français d'Amérique du Nord, Poitiers, Norois, 1983, page 16.
Charles Guyotjeannin, Saint-Pierre et Miquelon, Paris, Editions L'Harmattan, 1986, page 60.
Jeanne Lahiton-Poirier, Des bateaux et des hommes, Saint-Pierre, Editions SRP- Roger Guichot, 2002, pp. 210-213.
Jeanne Lahiton-Poirier, op. cit., page 216
Le Foyer paroissial, 15 avril 1930, page 92.
L'Union des Iles Saint-Pierre et Miquelon, Samedi 17 janvier 1920.
Publication Christian Lefèvre, Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon, 11 août 2016.
La Chronique de l'Institut Colonial français, 20 octobre 1923.
Photo Dr Le Bolloch, collection Marc Cormier, Retrouver tous documents sur Saint-Pierre et Miquelon, Publication André Lafargue, 27 février 2015.
Du nom d'un lieutenant de vaisseau qui commanda longtemps une goélette
de la station locale.
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